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Voitures ou carburants électriques - comment roulerons-nous à partir de 2035 ?

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Voitures ou carburants électriques - comment roulerons-nous à partir de 2035 ?

Les véhicules à moteur à combustion sont sur le point de disparaître – ou bien pas encore ? Bien qu’il y ait eu un large consensus pour interdire les nouvelles immatriculations de véhicules à essence et diesel en Europe à partir de 2035 et pour miser entièrement sur l’e-mobilité, cette interdiction vient d’être annulée. Certes, les véhicules nouvellement immatriculés ne pourront plus émettre de CO2 à partir de 2035, mais si cet objectif peut également être atteint avec des vilebrequins, des pistons et des cylindres, rien ne s’oppose au moteur à combustion. Des mots-clés tels que l’ouverture technologique et la percée des e-fuels sont avancés comme arguments. Que se cache-t-il derrière ce carburant censé donner un second souffle au moteur à combustion, et est-il vraiment un substitut durable ? Voici une tentative de mise en perspective.

 

Il convient tout d’abord de préciser que cette loi n’aurait en aucun cas entraîné l’interdiction des véhicules diesel ou essence à partir de 2035. Seule la nouvelle immatriculation de ces véhicules aurait été empêchée par la réglementation. Les véhicules existants pourront en tout cas continuer à rouler après 2035.

 

Que sont les e-fuels?

Les e-fuels sont des carburants qui sont entièrement produits de manière synthétique. Ils ne nécessitent pas de pétrole, comme c’est le cas pour les carburants traditionnels à base d’essence ou de diesel. Les e-fuels sont composés de dioxyde de carbone (CO2) et d’hydrogène. Le CO2  nécessaire provient de l’industrie ou peut même, dans certains cas, être extrait directement de l’air. L’hydrogène est obtenu par électrolyse, c’est-à-dire par la décomposition de l’eau en oxygène et en hydrogène.[1] Ce processus est très gourmand en énergie et devrait donc être réalisé avec de l’électricité issue d’énergies renouvelables. Dans ce cas, on parle d’« hydrogène vert ». C’est la seule façon de produire des e-fuels sans impact sur le climat. Après l’électrolyse, l’hydrogène est combiné avec du dioxyde de carbone et synthétisé en un carburant liquide. De cette manière, il est possible de produire des alternatives synthétiques au diesel, à l’essence ou au kérosène.[2]

 

Quels sont les avantages des e-fuels?

Les composants des e-fuels, l’hydrogène et le CO2, sont disponibles en quantités quasi inépuisables. Une pénurie de ressources comme celle du pétrole brut, par exemple, est donc exclue. Lors de la production d’e-fuels, seule la quantité de dioxyde de carbone libérée lors de l’utilisation est extraite de l’atmosphère. Ce carburant ne pollue donc pas davantage l’environnement.

 

De plus, il est possible de produire de cette manière différentes alternatives de carburant comme l’essence et le diesel, mais aussi le kérosène. En raison de cette diversité, les e-fuels pourraient à l’avenir apporter une contribution importante à une circulation des voitures et des poids lourds plus respectueuse de l’environnement, mais aussi à un transport maritime et aérien plus durable.

Autre avantage : les véhicules existants équipés d’un moteur à combustion peuvent continuer à fonctionner avec le carburant synthétique correspondant. Il n’est pas nécessaire de modifier le moteur. Le réseau de stations-service existant peut également continuer à être utilisé pour les e-fuels. Il n’est donc pas nécessaire de construire une nouvelle infrastructure.

En outre, l’électricité excédentaire produite par des sources renouvelables (par ex. des installations solaires ou éoliennes), qui est actuellement difficile à stocker, pourrait être utilisée à l’avenir pour produire des e-fuels.

 

Quels sont les inconvénients des e-fuels?

Le principal inconvénient des e-fuels est la grande quantité d’électricité nécessaire à leur production. Si une voiture doit fonctionner avec des e-fuels au lieu de l’électricité, il faut environ cinq à six fois plus d’électricité que pour faire fonctionner une voiture électrique.[3]

Les e-fuels ne contribuent à la protection de l’environnement que s’ils sont produits à partir d’hydrogène vert.

Les e-fuels ne permettent pas non plus de résoudre un problème fondamental des véhicules à moteur à combustion : le rendement. Pour transformer l’énergie stockée dans le carburant en mouvement, le moteur à combustion passe par de nombreuses étapes. Au final, il ne reste plus beaucoup d’énergie pour le mouvement proprement dit. Seuls 20 à 30 pour cent maximum de l’énergie libérée parviennent finalement aux roues.[4] Le reste est généralement perdu sous forme de chaleur lors du processus de combustion. Dans les véhicules à propulsion purement électrique, en revanche, plus de 80 pour cent de l’énergie de la batterie est effectivement utilisée pour la locomotion.

 

Le prix jouera également un rôle important dans l’introduction des e-fuels. Comme il n’existe pas encore d’installations de production à grande échelle pour les e-fuels, il est difficile de dire combien coûtera le litre d’« e-fuel » à l’avenir. Les prévisions optimistes se situent entre 0,9 € et 1,4 € pour la production d’un litre de carburant. Le prix de vente réel devrait être nettement supérieur. On peut donc affirmer une chose avec une grande certitude : les e-fuels ne deviendront probablement pas une alternative moins chère à l’essence ou au diesel.

 

Conclusion

L’ouverture technologique et le débat sur les e-fuels qui en découle sont importants et justes. Exclure d’emblée une technologie est problématique, car personne ne peut prévoir comment elle va se développer. On peut toutefois douter que les e-fuels nous rapprochent de l’objectif d’un tournant durable en matière de mobilité dans les années à venir. Même s’ils permettent de prolonger le cycle de vie des véhicules existants et de les faire fonctionner sans impact sur le climat, les capacités manquent actuellement pour couvrir les besoins qui se font jour. Une solution serait de concentrer l’industrie sur le transport lourd, la navigation et l’aviation. Là aussi, le chemin est encore très long avant que les premières gouttes ne trouvent le chemin du réservoir.

Pour les constructeurs automobiles, le sujet ne semble de toute façon plus en être un depuis longtemps. La plupart d’entre eux ont déjà annoncé qu’ils ne proposeraient plus de véhicules à moteur à combustion en Europe d’ici le milieu de la prochaine décennie.